Les peintres abstraits sont parmi les artistes les plus mystérieux qui soient. Sans modèles, dotés de leurs seuls pinceaux et imagination, ils partent à la conquête d’un inconnu et le meublent à leur manière. Quelles sont leurs méthodes de travail et comment renouvellent-ils leur inspiration?
Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré l’un de ces peintres abstraits, Enrik Helenius.
Dans son atelier des Batignolles, où il nous reçoit avec le sourire, il ne cache pas son envie de dessiner en même temps qu’il nous parle.
« Comment peignent les peintres abstraits? » est notre première question
« Je ne pourrais pas répondre à la place des autres… Moi, je sais que contrairement à d’autres peintres, je n’ai pas d’idée arrêtée du résultat lorsque je commence à peindre. Ma toile se construit devant moi, sous mes yeux. Dans cette découverte, je goûte beaucoup de plaisir et de surprise. Je crois bien que ce sont les meilleurs moments pour un peintre. En été, il m’arrive d’être influencé par la nature car je peins à l’extérieur. En hiver, je suis aux Batignolles alors ma peinture est plus « scolaire, souvent même moins égayée. »
Comment nait votre inspiration?
« Des émotions avant tout. Mais aussi, de l’émulation créé par la rencontre avec d’autres artistes ainsi que la découverte de nouvelles techniques de peintures. Par exemple, l’acrylique, que j’utilise exclusivement désormais. Elle permet, en effet, un travail rapide au plus près des sensations que je veux mettre en avant. Mon objectif est de ne pas peintre de façon trop académique et de laisser les sentiments me guider. »
Le peintre abstrait nous présente alors ses toiles. Nous en connaissions déjà certaines, vues sur son site web et que nous vous invitons à découvrir!
Enrik Helenius nous invite à la contemplation d’instants précis en figeant une scène, des émois, des sensations. Le saisissement de la peur, la joie des retrouvailles, avec lui, deviennent des couleurs et des traits définis. De ses toiles, il s’émane ainsi un sentiment de repos, où chaque détail interpelle. Les atmosphères s’installent autour de nous sans qu’on y prenne garde et son récit nous montre à quel point la peinture abstraite est faite pour être interprétée.
De toile en toile, nous découvrons aussi l’histoire d’Enrik Helenius, qui, bien que finlandais, en a une partie au Liban. L’interview continue.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment?
« Sur une nouvelle série de toiles, dont le nom est guerre. C’est en référence à la guerre civile du Liban, de 1975 à 1990. J’ai voulu explorer les différents aspects de ce conflit armé, mais vu du côté des populations civiles. Elles sont souvent les premières victimes de la guerre.
Ça veut dire que j’ai présenté, de mon point de vue de spectateur externe, la guerre sous l’angle des soldats, de l’espoir d’une fin de conflit, de la religion (qui était très présente dans cette guerre) … Plus qu’une frayeur, il y a aussi une part de secret avec laquelle doivent vivre les populations, car on ne sait pas quand se terminera le conflit, on ne sait pas comment vont ses proches. J’ai hâte de voir ce qu’en pensent les autres, car j’ai beaucoup travaillé en vase clos sur ce projet.
Nous quittons le peintre sur ces mots et dans la foulée, nous prenons note d’aller découvrir la série « Guerre » aussitôt qu’elle sera publiée sur son site internet.